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L’acronyme PCC provient de la terminologie anglophone Postlarvae Capture and Culture que l’on peut traduire par capture et culture des postlarves. Les postlarves sont un stade de développement des poissons et crustacés de récif qui précède l’installation dans le lagon et le passage au stade adulte. La grande majorité des animaux débutent leur cycle de développement par une phase océanique de 1 à 3 mois à l’issue de laquelle poissons et crustacés réinvestissent par centaines de millions les lagons. Environ un seul individu sur un million parviendra à l’état adulte, la plupart de ces juvéniles disparaissant dans l’estomac de prédateurs. Des techniques innovantes permettent de capturer ces postlarves pour les élever et les valoriser à travers trois destinations possibles : l’aquaculture pour produire des poissons de bouche, le réensemencement des écosystèmes pour renforcer la biodiversité et la densité des poissons (destinés à être pêchés ou simplement contemplés par les touristes) et enfin, le marché (rémunérateur) de l’aquariophilie. Malgré leur nombre impressionnant, les animaux capturés ne représentent qu’une portion très marginale du flux larvaire, d’où un impact très mesuré sur l’écosystème comparé à des techniques de capture des adultes qui sont des géniteurs en puissance. Ce point fait de la PCC une filière potentiellement ecofriendly (en terminologie anglo-saxonne). Afin de partager les expériences scientifiques et techniques acquises dans ce domaine ainsi que les perspectives qu’il offre en matière de développement durable et d’écocertification, le ministère des Affaires étrangères et européennes, l’Agence Française de Développement (AFD), le Fonds Français pour l’Environnement Mondial (FFEM), et l’Aquarium tropical du palais de la Porte Dorée se sont associés pour l’organisation d’un séminaire intitulé “Postlarves, commerce et développement” qui s’est tenu le mercredi 2 juillet 2008, à Paris. Cet événement, accueilli par l’Aquarium de la Porte Dorée, de 14 h à 17 h, au 293 av. Daumesnil – 75012 Paris, a rassemblé une quarantaine de personnes dont des professionnels, scientifiques, utilisateurs et institutions françaises impliqués dans le domaine. Les objectifs poursuivis par ce séminaire étaient les suivants : – Présenter les bases scientifiques du caractère “durable” des filières reposant sur la capture des postlarves; – Effectuer un bilan des expériences passées quant à la commercialisation de ces produits ecofriendly; – Informer les divers acteurs de la stratégie de développement des filières postlarves dans le Pacifique, notamment des aspects d’écocertification; – évaluer l’intérêt porté par les différents professionnels à ces produits dont la viabilité économique est intimement liée à un effort de promotion à tous les niveaux de la filière. Le séminaire a débuté techniquement par une présentation des aspects scientifiques et de l’impact écologique de la PCC par le Pr René Galzin (EPHE). Il ressort que cette technique a un impact écologique mineur, mais que sur le plan de la rentabilité économique elle est pénalisée par l’hétérogénéité temporelle des captures, la relative pauvreté en espèces à forte valeur commerciale, et parfois le coût de la main d’œuvre qui peut être rédhibitoire dans certains pays. La recherche scientifique appliquée actuelle se penche sur la valorisation des postlarves de crustacés, et le test de méthodes d’attraction (son, olfaction) visant de nouvelles espèces. La présentation suivante a été effectuée par Patrice Ortin de la société ALL Marine, qui a fait état de résultats encourageants pour l’installation de filières en Indonésie reposant sur l’utilisation de pièges lumineux, tout en insistant sur les difficultés à faire accepter “culturellement” ces nouvelles technologies, et à ne pas négliger d’autres techniques, notamment la capture de juvéniles dans les cuvettes à marée basse (dont l’impact écologique est néanmoins plus grand que la PCC). Gilles Lecaillon de la société Ecocean, a fait un bilan globalement positif des expériences conduites dans le Pacifique, l’Indo-Pacifique et la Méditerranée, en insistant sur la nécessité d’implication de tous les acteurs pour une réussite d’installation de ces filières à un niveau viable. Sébastien Bernis a fait état pour le compte de la chaîne de magasin Botanic, d’une expérience de commercialisation de postlarves qui a échoué mais qui mérite d’être renouvelée de façon plus professionnelle, étant donné les atouts de ces produits ecofriendly. Éric Clua, coordinateur du programme CRISP (InitiativeS Corail pour le Pacifique), portée par l’AFD, le FFEM et le MAEE, a conclu les présentations par la description des stratégies d’amélioration de l’offre en postlarves à l’échelle du Pacifique et de modification de la demande, notamment par la mise en place d’une écocertification. Le séminaire s’est conclu par un débat constructif dont il ressort une volonté claire des professionnels présents de contribuer au développement de filières commerciales reposant sur des postlarves, dès lors que ces produits répondront à des critères incontournables de qualité, sachant qu’ils bénéficient par ailleurs d’atouts indéniables pour convaincre un public de plus en plus sensible aux aspects de “responsabilité écologique” dès lors que l’on touche au commerce d’animaux.