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L’écotourisme basé sur l’observation dans leur milieu d’animaux emblématiques est en plein essor à travers le Monde, et le Pacifique insulaire n’échappe pas à la tendance. Parmi ces espèces, les requins occupent une place privilégiée en tant qu’attraction pour les touristes, sans qu’ils soient forcément plongeurs. Une des caractéristiques de cette activité repose sur la nécessité d’avoir recours au nourrissage artificiel (feeding en anglais) afin d’assurer la présence d’animaux en quantité importante et en un lieu précis pour favoriser l’observation. Aussi, s’il permet indéniablement de dégager des revenus conséquents pour les économies locales, l’écotourisme basé sur l’observation des requins n’est pas sans poser certains problèmes en terme d’impact sur les écosystèmes, de sécurité pour l’Homme, voire de répartition légitime des dividendes qu’il génère (Clua et al. 2011). Un autre atout de cette activité repose sur le fait qu’elle renforce la valeur économique des requins aux yeux des décideurs politiques et ce, dans un contexte où ces animaux sont globalement surpêchés à l’échelle planétaire (Clarke et al. 2006), malgré les mises en gardes des scientifiques sur la nécessité de conserver ces super-prédateurs au sein des écosystèmes marins. Dans un contexte où les arguments écologiques ont montré leur limite sur les dernières décennies pour obtenir une vraie protection, une approche économique semble complémentaire et nécessaire pour assurer un développement durable des populations de requins dans le Pacifique Sud (Vianna et al. 2012). L’objet de cet article est de présenter les grands axes d’une telle approche économique, en mettant l’accent sur l’écotourisme en tant qu’utilisation vertueuse des requins, permettant de dégager des revenus tout en les maintenant dans leur écosystème. Cette approche ne peut néanmoins être totalement vertueuse que si elle respecte les trois volets fondateurs du développement durable, à savoir le volet économique, mais aussi les volets écologique et social. Cet objectif ne sera atteint que via la mise en place de « paiements pour services écosystémiques », comme nous allons tenter de le démontrer.